Introduction
L’alternance démocratique ne se décrète pas : elle se construit. Et en Côte d’Ivoire, l’opposition peine à la bâtir. Entre luttes d’ego, calculs d’appareil et absence de stratégie commune, l’opposition ivoirienne donne l’image d’un camp divisé, hésitant, incapable pour l’instant d’incarner une alternative claire au pouvoir en place. Mais cette fragilité est-elle une fatalité, ou le symptôme d’une recomposition encore inachevée ?
Un casting qui divise plus qu’il ne rassemble
La désignation de Tidjane Thiam à la tête du PDCI, malgré son aura internationale, a créé des tensions au sein du PDCI. À défaut d’un ancrage local et d’une implication dans la politique ivoirienne ces dernières années, il dispose d’un soutien basé sur la communauté internationale. Son leadership est souvent perçu comme parachuté, voire téléguidé. Face à lui, Jean-Luc Billon, fidèle du parti, longtemps engagé, mais désormais marginalisé, représente pour beaucoup une opportunité manquée d’un leadership plus naturel, plus enraciné.
Cette fracture, au-delà des hommes, révèle un vrai débat de fond : l’opposition cherche-t-elle à séduire l’extérieur ou à convaincre l’intérieur ?
Des partis, pas encore un front
Le PDCI, le PPA-CI de Gbagbo, Générations et Peuples Solidaires de Soro, ainsi que d’autres mouvements, partagent tous un objectif commun : rompre avec l’hégémonie du RHDP. Mais entre les rancunes du passé, les rivalités générationnelles et les visions divergentes, la coalition peine à exister. Chaque chef de parti campe sur son histoire, son électorat, ses blessures. L’unité devient un slogan, jamais un projet.
Quand la stratégie manque à la volonté
Ce qui frappe dans cette opposition, ce n’est pas le manque de critiques ou de dénonciations. C’est l’absence de feuille de route crédible. Qui est le candidat naturel ? Quel est le programme commun ? Quelle vision pour la jeunesse, l’économie, la souveraineté ? Pendant que le pouvoir verrouille méthodiquement le jeu politique, l’opposition semble attendre… ou hésiter.
Un contexte qui n’attend pas
Le paradoxe est cruel : jamais les conditions n’ont semblé aussi favorables à l’émergence d’un contre-pouvoir solide. Fatigue démocratique, désenchantement économique, jeunesse en quête de repères… Mais face à cette attente sociale, l’opposition répond par des querelles internes et des stratégies individuelles. Résultat : chaque leader semble plus préoccupé par sa place que par le projet d’ensemble.
Conclusion : union ou disparition ?
Le temps presse. Le RHDP avance, discipliné, verrouillé, organisé. Si l’opposition ne s’unit pas, elle risque de devenir un simple décor du jeu politique. A moins que…les choses évoluent et quelqu’un « Sorte dans dos ».
Et vous, pensez-vous qu’une figure forte puisse encore émerger ? Ou l’opposition est-elle condamnée à l’impuissance tant qu’elle refusera de se réinventer ensemble ?