Introduction
Il y a des présidents qui quittent le pouvoir acclamés, d’autres qui s’y accrochent jusqu’à l’épuisement de leur légitimité. Et puis, il y a ceux qui, en maîtres du jeu, brouillent les pistes. En Côte d’Ivoire, SEM Monsieur le Président Alassane Ouattara avance dans le crépuscule de son règne avec une stratégie à la fois opaque et millimétrée. Il promet la relève, mais continue de jouer toutes les cartes. Le doute n’est plus permis : tout est calculé, jusqu’au silence.
Un retrait en trompe-l’œil ?
Depuis 2020, le discours du président oscille entre renoncement et responsabilité historique. Il dit vouloir passer la main, appelle à la jeunesse, évoque l’alternance. Pourtant, dans les faits, il verrouille. Chaque nomination, chaque mise à l’écart, chaque réforme institutionnelle semble répondre à une logique : éliminer toute alternative crédible, à l’intérieur comme à l’extérieur du RHDP.
L’art d’éliminer sans fracas
Jean-Louis Billon ? Marginalisé. Tidjane Thiam ? ÉCARTÉ ! Guillaume Soro ? Exilé. Laurent Gbagbo ? Désarmé juridiquement. D’autres comme Mamadou Koulibaly ont tout simplement abandonné depuis. La méthode Ouattara n’est pas frontale, elle est chirurgicale. Elle peut parfois etre scandaleuse pas le scandale, mais elle asphyxie. Elle ne détruit pas, elle dessèche. L’adversaire est laissé seul face à ses plaintes qui ne mènent nul part, pendant que le pouvoir avance, masqué.
Un dernier acte “providentiel” ?
Mais vers quoi mène ce verrouillage ? Vers un quatrième mandat caché ? Ou vers une mise en scène finale ? Une sortie grandiose où le président, après avoir écarté tous les dangers, désigne dans un ultime souffle un successeur. Pas un candidat. Un héritier. Un “fils politique”, auquel il transmettrait, en apparence, les clés d’un pays pacifié.
Et si le chef ne » mourait » pas seul ?
Il ne s’agit plus seulement de gouverner : il s’agit de régner sans partage jusqu’à la dernière minute, et de choisir seul le moment et le visage de la succession. Et pour cela, affaiblir toute opposition crédible est vital. Car une opposition forte impose le débat, bouscule les équilibres, force le choix. Ouattara veut éviter cela. Il veut désigner, non proposer. Un dauphin incontesté, intronisé à la dernière minute, sans débat au sein du parti, car le parti, lui aussi, aura été nettoyé de ses voix discordantes.
Aura-t-il le temps de faire campagne ? Ce n’est pas nécessaire. Il n’est pas un candidat, c’est un successeur. L’héritier du grand homme. Du bâtisseur. Du sage qui a maintenu la paix. Cela suffit. D’autant plus si, en face, l’opposition se déchire, fragmentée comme un panier de crabes, où chacun tire de son côté, préoccupé par ses propres ambitions ou ses problèmes judiciaires.
Ce paysage éclaté ne laisse la place qu’à une évidence : se ranger derrière “celui que le président a choisi”. Non pas parce qu’il a conquis, mais parce qu’il a été désigné. Et quand tout est divisé autour, le besoin de stabilité devient un argument massue.
Conclusion
Partira ? Ne partira pas ? La vraie question est ailleurs. C’est comment il partira. Aura-t-il orchestré son départ comme un dernier acte de pouvoir absolu, en garant de la paix, ou comme le prolongement d’un règne silencieux à travers un autre ? Mais quid de la population? Comment reagira t’elle? Quels sont les moyens dont dispose cette opposition ? Comment le film va tourner? C’est une variable que personne ne peut prédire. Allons seulement! Mais une chose est sûre : en Côte d’Ivoire, le silence du président dit souvent plus long que ses discours. Et dans cette mise en scène, le héros et le chef de bande partagent parfois le même masque.
Et si Jean-Louis BILLON était la solution? » ou l’une des solutions?